« Peau d’âne », une féérie haute en couleur

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« On va être sérieux cinq minutes, c’est absolument épouvantable »

 Tels sont les mots de l’écrivain et critique de cinéma Éric Neuhoff pour décrire le film Peau d’âne réalisé par Jacques Demy. 

Pourtant, ce film paru en 1970 constitue le plus grand succès au box-office du réalisateur avec plus de 2 millions d’entrées enregistrées. Admiré par les uns pour son parti pris visuel et son humour incisif, détesté par les autres pour son manque d’homogénéité dans les décors et sa trame narrative trop monotone, Plakat vous donne aujourd’hui trois bonnes raisons d’aimer ou de détester (au choix) ce film. De quoi vous donner envie de vous replonger dans cet univers Demy-sien adapté aussi bien aux enfants qu’aux adultes. 

 

1.    Une merveilleuse histoire d’inceste

 Peau d’âne c’est avant tout une merveilleuse histoire d’inceste. Il est inspiré du célèbre conte populaire du même nom écrit par Charles Perrault en 1694. Bien qu’il soit fondé sur un conte destiné aux enfants, il n’a rien de fleur bleue. Il raconte l’histoire d’une princesse forcée à épouser son père. Poussée par sa marraine la bonne fée, elle fuit en se dissimulant sous la peau d’un âne et finit par épouser le prince charmant d’un royaume voisin. C’est donc un film qui reprend les thèmes charmants et simples des contes féériques mais teinté de cruauté avec ce père qui veut forcer sa fille à l’épouser. D’ailleurs, ce n’est pas anodin si dans la première adaptation cinématographique du conte de Peau d’âne sortie en 1908, tout cet aspect de l’histoire a été évincé. On est donc très loin des contes fantastiques et édulcorées repris par Walt Disney. 

De plus, beaucoup de références destinées aux adultes se cachent dans le film. Par exemple, le cake d’amour est considéré pour beaucoup comme un “space cake “ (au vu des rêves qu’ils provoquent). Les paroles des chansons comme celles faussement naïves « des Rêves secrets d'un prince et d'une princesse » offrent une double lectureOn vous laisse comprendre…

Par son discours intergénérationnel, Peau d’Âne acquiert au fil des années le statut de film culte.

 

2.    Une esthétique pop à la limite du kitsch

Peau d’âne c’est aussi une esthétique pop caractéristique des années 1960 mais encore inédite dans le cinéma français. Malgré un budget limité, les costumes et les décors sont époustouflants. Les robes de reine et princesse sont de style Louis XV, les tenues du prince de style Henri II, et les costumes de fée sont inspirés du Hollywood glamour des années 30. On comprend que certains trouvent le résultat final trop disparate et même kitsch. En effet, riche de son expérience américaine avec son dernier film « Model Shop », une certaine désinhibition gagne Demy, qui tend alors vers plus d'audace. « Ma vision de l'Amérique est celle d'un monde criard, baroque, où la notion de goût, ce bon goût français qui nous a été inoculé comme un vaccin, n'existe pas. Le mauvais goût américain m'a transporté, je l'ai adoré... », témoigne le réalisateur. Il souhaite également se débarrasser de l'étiquette «pastel» généralement attachée à ses films par les spectateurs, en particulier depuis la sortie « Les Demoiselles de Rochefort ». Le caractère artisanal des effets visuels tournés entièrement dans un décor naturel (et non en studio) entretient la confusion entre le réel et le merveilleux et contribue à retranscrire l’atmosphère fantastique du conte.

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3.   La musique de Michel Legrand, baroque et intemporelle

Une dernière raison incontournable pour regarder ce film est la bande originale du film. Composé par son loyal compère Michel Legrand, c’est une musique sans temporalité qui aurait pu, selon les propres termes de Legrand, être composé aussi bien il y a trois cents ans que dans trois cents ans…